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Le tài–chí chuán

Le tài–chí chuán est un art martial chinois interne vieux de plus de 2000 ans qui fait référence à l’énergétique, comme l’acupuncture. Mais ici, ce sont des mouvements lents qui régularisent le flux de l’énergie vitale « chi », bénéfiques pour la santé. L’enchaînement fluide des postures constitue ce que l’on nomme « la Forme », qui s’est précisée et codifiée au 18e siècle. Cette discipline a également une dimension philosophique, historique et culturelle.

Étymologiquement :
"tài" c’est le principe matériel qui se rapporte au corps : le faîte,
"chí" caractérise le principe subtil : énergie, esprit,
"chuán" signifie littéralement "le poing", non dans un sens vindicatif, mais plutôt dans l’acception de concentration, de rassemblement,
c’est donc "la boxe du faîte suprême" ou "de la polarité suprême".

Cette pratique se fonde sur le grand principe taoïste de l’interdépendance et de l’harmonie du yin et du yang ‑ deux forces opposées et complémentaires ‑, symbolisées par le cercle, le « Tao » (le Tout), où se mêlent une goutte claire, le « yang » (associé à la lumière, à la dureté, au feu, au masculin, à l’activité), et une goutte foncée, le « yin » (associé à l’obscurité, à la douceur, à l’eau, au féminin, à la passivité) et ayant chacune un point de l’opposé en son sein.

Le Tai-chi chuan se caractérise par la recherche de l’harmonie, de l’équilibre, de l’union de l’homme avec les énergies du Ciel et de la Terre et donc entre ses énergies psychiques et physiques.

Nous pratiquons la forme longue traditionnelle de style Yang (du nom du maître chinois qui l’a révélée et rendue populaire d’abord aux États-Unis), celle des 108 mouvements avec trois sections : la terre, l’homme et le ciel. Cette forme, je l’ai apprise à l’école internationale de Tài–Chí Chuán à Bruxelles (I.T.C.C.A. - International Tai Chi Chuan Association Belgique).

Il existe aussi des formes courtes, dites formes de Pékin (24 ou 54 mouvements) ainsi que d’autres styles provenant d’autres maîtres chinois : Chen, Wou, Sun, pour les plus connus. Auparavant, cet art avait été tenu secret et seulement pratiqué par des moines et certaines familles, de génération en génération.

L’apprentissage passe par une prise de conscience des positions du corps, sans précipitation. Chacun apprend à son rythme, sans esprit de compétition. Pour notre culture, où l’on désire toujours aller plus vite, c’est un véritable défi ! Or le Tai-chi est une lente initiation.

Chaque séance commence par une série d’exercices d’échauffement et par des positions méditatives « Chi-kung » qui préparent à l’exécution de la forme du Tai-chi, c’est-à-dire la succession de mouvements, de postures orientés dans l’espace suivant les directions cardinales.

Le Tai-chi est exécuté lentement pour développer et perfectionner les techniques de mouvement. La relaxation physique favorise un état d’esprit calme, ce qui permet aux mouvements de passer dans le subconscient et de devenir instinctifs. Ce qui est bien mieux dans les applications aux situations d’urgence là où nous n’avons pas le temps de penser ni d’être sidérés par les émotions. D’autre part, l’esprit est plus clair et perçoit mieux les intentions des autres.

Les mouvements sont circulaires, tout en spirales. Pour chaque mouvement, on va faire attention au placement correct du corps : des pieds, du bassin, de la colonne vertébrale, des épaules, à la répartition du poids du corps ‑ tantôt sur une jambe, tantôt sur l’autre ‑ conséquence des replis et des avancées (yin / yang) du Tai-chi, et donc de l’enracinement à partir du point en dessous de chaque plante des pieds (« Yung ch’uan », source jaillissante). Le rythme respiratoire va aussi s’harmoniser avec la rythmique gestuelle, laissant la respiration descendre dans la zone abdominale en dessous du nombril (Tantien). Faire des mouvements lents ralentit déjà notre rythme respiratoire et cela a une action apaisante sur notre système nerveux. L’inspiration suit les mouvements yin de repli et l’expiration les avancées yang. Dans cette alternance constante, on retrouve à la fois l’équilibre, le calme et une vitalité mentale et physique.

Dans le cours, nous pratiquons également les exercices de poussées des mains, les « Tui shou », qui permettent de se laisser aller (céder) et de repousser ; d’être alternativement réceptif et actif avec un partenaire et ainsi d’apprendre à ressentir l’énergie de l’autre et ses intentions.

Le cours se termine par des exercices méditatifs sur le souffle ou des exercices d’auto-massage « do-in ». La méditation, le travail sur soi-même, sont très importants, pour une connaissance plus approfondie du fonctionnement psychique, émotionnel et organique et de leur influence réciproque. Ceci pour retrouver et préserver son équilibre interne. La médecine traditionnelle chinoise est une médecine globale qui ne sépare pas le corps de l’esprit.

Déjà il y a 3000 ans, les médecins de l’Empereur Jaune avaient rédigé un classique médical, le « Nei king », qui comprenait les exercices de santé, l’acupuncture, la diététique, la psychologie, la prise en compte de l’environnement (feng shui), la phytothérapie, l’hygiène de vie, les massages, etc. pour une médecine complète.

Pourquoi parle-t-on d’art martial interne, qu’est-ce que l’énergie interne ?
C’est notre vitalité - ce que les traditions chinoises appellent le « chi », japonaises le « ki », indiennes le « Prana » -, cette essence plus subtile de notre être dont nous héritons à la naissance, qui se trouve aussi bien dans l’air, dans la nourriture que nous absorbons et qui circule dans ce que la médecine chinoise appelle les méridiens, ces canaux d’énergie, mais qui ne correspondent à rien de connu médicalement dans notre civilisation occidentale.

On peut visualiser le Chi dans le corps ou le projeter à l’extérieur du corps. Si c’est pour une cause martiale, cela peut endommager même les organes internes. Il faut donc être au clair dans ses intentions !
On qualifie souvent le Tai-chi d’art martial doux, car il s’agit essentiellement d’autodéfense, et de ne pas faire plus d’efforts qu’il n’en faut pour vaincre un adversaire.
On peut voir aussi les applications pour les différentes postures de la forme dans un objectif d’autodéfense et pour la compréhension du sens du mouvement, de son application martiale.

La respiration taoïste

La physiologie chinoise taoïste se réfère souvent à trois centres importants de concentration de l’énergie appelés les trois champs de cinabre (Tantien) (en relation avec l’alchimie, le cinabre étant le sulfure de mercure).
Ils correspondent :
 pour le premier : à la zone en dessous du nombril (2e chakra ‑ « kihaï », « hara ») c’est le champ de cinabre inférieur ‑ la terre ‑, la vitalité, le départ de l’évolution spirituelle, le lieu de réunion de l’essence (énergie potentielle) et de l’énergie du yin et du yang ;
 pour le second, à la zone du plexus solaire, le champ du cinabre moyen ‑ l’homme ‑ c’est le contrôle du souffle et de l’énergie vitale, l’équilibre, le « Chi » ou air (existence d’un champ électromagnétique) ;
 pour le troisième, c’est entre les deux sourcils (au centre du crâne), le champ de cinabre supérieur ‑ le ciel ‑, c’est l’énergie spirituelle, l’éveil spirituel, l’intuition, la compréhension directe des choses.

Pour atteindre l’équilibre naturel, il faut donc que les trois centres soient équilibrés (l’homme en équilibre entre ciel et terre, comme dans les trois parties de la forme du Tai-chi) et d’abord stimuler le champ de cinabre inférieur afin de créer l’énergie nécessaire pour nourrir les centres plus subtils (réchauffer le chaudron !)

La respiration doit donc être complète : abdominale, thoracique et claviculaire. Or, peu de personnes respirent correctement et beaucoup souffrent d’une insuffisance respiratoire chronique souvent liée aussi à un manque d’exercice ou à des tensions émotionnelles qui bloquent le diaphragme, les côtes ou les épaules).

Préparation au Tai-chi

Abordez les exercices en étant détendu, le plus possible tant physiquement que mentalement.
Laissez votre respiration, avec votre conscience, descendre vers le Tantien.

1. La tête est comme suspendue à un fil par le sommet du crâne (point Bahui) ;
2. Le regard est orienté vers l’avant, légèrement vers le bas ; on utilise la vision périphérique ;
3. Le menton rentré, de sorte que la tête est bien dans le prolongement de la colonne vertébrale ;
4. Le visage et la bouche sont détendus, avec la pointe de la langue qui repose sur le palais (petite circulation énergétique) ;
5. Les épaules sont décontractées, le dos est légèrement arrondi, la poitrine à peine creusée (sinon la respiration et l’énergie remontent vers le haut du corps, qui perd sa légèreté) ;
6. Les bras sont légèrement écartés, les coudes détendus et arrondis ;
7. Les doigts sont décontractés ‑ ni raides ni pliés ‑ avec le pouce légèrement écarté (bouche du tigre, méridiens poumons – gros intestin) ;
8. Les hanches, fessiers et cuisses sont décontractés ;
9. Les genoux sont légèrement pliés et ouverts, à l’aplomb des orteils pour le Chi kong ;
10. Les pieds reposent à plat sur le sol avec le poids du corps qui s’exerce sur le point « Yung ch’uan » de chaque pied.

Le haut du corps doit paraître léger, le bas enraciné.

On n’entreprend jamais une séance sans effectuer de séquence préparatoire.

On essaie de prendre conscience du lien harmonieux qui unit les pieds, le bas du dos, la taille et les bras.

La puissance est plus importante dans le mouvement lorsque les membres et le corps se meuvent à l’unisson, et on apprend à changer de direction pour dévier une attaque et déséquilibrer un adversaire.

Le bassin et les épaules bougent à l’unisson, à partir du Tantien (en dessous du nombril).

Entre les mains souvent on maintient un ballon imaginaire.

Pratiquez sans chercher à tout intellectualiser et à tout analyser, mais développez la conscience de votre corps et de ce qui vous entoure.